En bref

Résumé et Extraits de Histoire de Trilbardou, Vignely, Saint Saturnin, Montigny – J.Jumeau, 1984 à l’occasion de la visite commentée de Trilbardou le 18 mai 2008

Trilbardou, village du bord de la Marne, a conservé malgré l’urbanisation des alentours au cours de la dernière décennie, toutes les caractéristiques d’un village campagnard du 18ème siècle.
Qui imaginerait qu’au Moyen Age ce village était une place stratégique au commerce florissant ?

De quand date Trilbardou ?

  • On peut penser que des habitations temporaires ont existé sur le site de Trilbardou depuis plusieurs milliers d’années, car les bords de Marne sont particulièrement riches en sites préhistoriques. Le plus proches qui ait été étudié scientifiquement est celui de Vignely.
  • L’habitat permanent date de la période gallo-romaine. Plusieurs villas sont répertoriées sur le territoire.

D’où vient le nom de Trilbardou ?

  • TRI : Passage obligé de la Marne sur la route de Paris vers l’Est en passant par Lagny, Trilbardou doit la 1ere partie de son nom à une altération du mot « trajectum » qui veut dire passage en bas latin. Trajectum est devenu Triam au 9eme siècle.
  • Au retour des croisades en 1101, le seigneur du village Hugues de Broyés s’est appelé Bardulfl- qui signifie revêtu d’une carapace- en référence à son armure.
  • Le village s’est donc appelé Trie le Bardoul, puis progressivement, en passant par plusieurs orthographes, est devenu Trilbardou

Trilbardou à travers les siècles

Période Gallo-Romaine: Trilbardou a une position stratégique car il est situé au croisement de la route d’Allemagne (une des 4 routes des postes partant de Paris) passant par Claye, Annet, Fresnes, et celle de Lagny à Meaux passant par Chessy et Lesches.

De nombreux chemins partent de Trilbardou vers les villages alentours : Villenoy, Iverny, Rutel, Meaux, Charny, Chauconin, Varreddes, Juilly et Beauvais.

Le pont de Trilbardou est un des rares points de traversée de la Marne.

Epoque mérovingienne : L’occupation mérovingienne a laissé des traces d’un cimetière sur la rive gauche de la Marne, face au village. Des sépultures ont été découvertes en 1860 lors de la mise en exploitation des carrières de sables .

Epoque carolingienne : l’abbaye Saint Faron possède de vastes domaines, dont la quasitotalité de Vignely et Trilbardou.

Guerre de 100 ans : Les invasions anglaises commencent en 1346. Elles sont suivies de la Jacquerie et des grandes épidémies de pestes en 1437/1440. Les terres sont abandonnées, le village détruit.

2eme moitié du 15ème Siècle : en 1470/1480, le village se réorganise, les bâtiments ecclésiastiques et églises se reconstruisent et s’agrandissent, les terres sont exploitées.

En 1493-1495, le pont est reconstruit (à l’emplacement du pont cassé).

A la fin du 15è S, Trilbardou collecte les grains et le vin provenant de la plaine de France et de la Goëlle. Les aliments sont chargés sur son port pour alimenter Paris par voie d’eau. Les bateaux chargés à Crécy, Mareuil, Meaux passent également à Trilbardou. Le port est situé au niveau du barrage de l’actuelle usine élévatoire.

Plusieurs importants marchands sont établis à Trilbardou, en particulier la famille Bocquet.

Charrons et tonneliers sont également établis dans le village. Un moulin est construit à proximité du pertuis (écluse).

2eme moitié du16ème Siècle : Successions de mauvaises récoltes en 1556, 1564 et 1565.

En 1567, les combats des guerres de religions détruisent le pont. Faute de moyen, le pont n’est pas reconstruit. Il est remplacé par un bac. Le passage devient plus difficile pour les charrois et ceux-ci prennent l’habitude de passer par Meaux.

C’est le début du déclin commercial du village et la fin de son importance stratégique.

En 1590/1594, la guerre civile et une nouvelle épidémie de peste ruinent la région.

2eme moitié du 17ème Siècle : Le pays est ravagé par les « Lorrains » (mercenaires espagnoles du duc de Lorraine) en guerre avec les troupes royales commandées par Turenne.

2eme moitié du 18ème Siècle: La route d’Allemagne (route royale N°3) est construite. Elle évite Trilbardou coupant en ligne droite les plaines de Claye à Meaux. Le commerce de grains à Trilbardou décline.

19eme Siècle: En 1846 l’ouverture du canal de Chalifert raccourci le trajet des bateaux en évitant les pertuis de Mareuil et de Trilbardou.

Le 5 juillet 1849 le train fait son apparition avec l’ouverture de la ligne Meaux-Paris.

Le circuit du transport des céréales ne passe plus par Trilbardou, les moulins n’y survivent pas. Incendiés en 1860, ils sont remplacés par la station de pompage.

En 1881, le pont est reconstruit mais les voies commerciales via Trilbardou sont définitivement abandonnées.
Le village a perdu son importance commerciale, mais la seigneurie de Trilbardou et surtout le titre de vidame qui y est attaché est particulièrement convoité.

L’Eglise Sainte Geneviève

Sainte Geneviève: il n’a pas été retrouvé de traces de l’église de Trilbardou avant le I2eme siècle. Cependant, dans la légende de la vie de Sainte Geneviève, le corps de celle-ci aurait été déposé, en 857 puis en 863 dans l’église du village lors de ses transferts pour éviter les profanations des pillards normands.

Le culte de Sainte Geneviève remonte à cette époque car la tradition rapporte qu’un miracle eut lieu lors du passage du pont, où une femme dont les jambes étaient paralysées en retrouva l’usage. Ce culte, particulier au village, avait lieu à la date anniversaire du miracle, le dimanche le plus proche du 28 octobre. Il fut ensuite déplacé au dimanche le plus proche de la Sainte Geneviève, le 3 septembre.

Les restes de Sainte Geneviève ont été brûlés en place de Grève à Paris durant la révolution et les reliques sont particulièrement rares. Outre celles de Trilbardou certaines parcelles sont conservées en l’église de Saint Etienne du Mont à Paris, ainsi qu’à Diant.

Jusqu’au début du 20è siècle eu lieu un pèlerinage avec ostension des reliques de Sainte Geneviève conservées dans une chasse. Le pèlerins conservaient une eau tirée du puits de Sainte Geneviève, accessible par la chapelle Sainte Nicaise. Les reliques et la bannière du pèlerinage sont toujours conservées dans l’église.

L’église: On trouve une première trace de l’église en 1168, dans une charte d’Enguerrand de Trie où est cité l’existence d’un certain « Guyardus, presbiter de Trie et Hubertus, frater ipsus » (Guyard, curé de Trie et Hubert son frère).

En avril 1179, se crée la commune de Meaux et l’évêque Simon réserve ses droits sur ses possessions de Trilbardou.

La construction d’une église en pierre est vraisemblablement réalisée au début du 13è siècle, il semble que ce fut au départ une simple chapelle utilisée par les moines du prieuré, qui existe déjà en 1206.

Les combats des guerres de religions ont endommagé l’église et une restauration est entreprise en 1594. La petite cloche de l’église (63cm de diamètre, 150kg) date sans doute de cette époque. Une chapelle Saint Nicolas est érigée.

En 1695, le curé Jean Quignon fait une donation importante à l’église, permettant d’accroître de plusieurs hectares les terres ecclésiastiques et d’augmenter les rentes de la cure. Une plaque dans le choeur de l’église commémore cette donation.

De 1710 à 1720, d’importants travaux de restauration sont entrepris à l’église et à la maison du curé. Sur les murs du chœur est construit le clocher actuel. Une horloge est posée le 13 avril 1719.

En 1744 une grosse cloche de 878kg avec un petit battant de 28kg fut installée à côté de la petite cloche. Une nouvelle poutraison est construite dans le clocher pour soutenir ces cloches.

En 1766 est installé le baptistère actuel.

En 1785 Lenoir entreprit la reconstruction complète de la nef, en même temps que celle de son château. Les travaux sont menés par l’architecte Cellerier, dans le style néo grec, appelés à l’époque style moderne. La nef est allongée et élargie, l’entrée est ornée d’une architrave surmontée d’une corniche, le tympan reçoit une frise alternant triglyphes et métopes. Une ouverture semi circulaire est ouverte au-dessus du portail. De chaque côté de la nef, les mêmes ouvertures sont construites. La voûte en berceau du centre de la nef est supportée par 2 rangées de 8 colonnes doriques. Seuls sont conservés del ‘ancienne chapelle, le banc d’oeuvre et un lambris du 18è siècle, entourant ce qui devait être l’ancienne porte menant au prieuré.

Au tympan de l’église apparaît une étoile. Cette même étoile est reprise dans les armes de Sainte Geneviève à Meaux, ancienne abbaye de Chaage, qui était chargée de l’entretien de l’église. Cette étoile se retrouve également sur la croix du village.

La dernière donation importante faite à l’église par Madame Dupont, veuve du dernier seigneur du village, en exécution du testament de son mari, permit la fabrication de la grosse cloche actuelle (1024kg) à partir de la fonte de l’ancienne grosse cloche. Elle fut installée en 1839 et bénie par l’évêque de Meaux.

En 1846 la vieille croix de la place fut restaurée et déplacée d’une extrémité à l’autre de la place, puis en 1851 cette croix du I6eme siècle fut déménagée au cimetière, et remplacée par la croix actuelle.

Le prieuré: Situé à droite de l’église, à l’emplacement de la mairie et de l’école, son existence est établie depuis le début du 12è siècle. A cette époque, les prieurs de Saint Faron étaient tenus de s’y rendre à tour de rôle pour y faire l’office durant une semaine.

En 1526, il comporte grange, étable, pressoir, colombier et est occupé par le prieur. Il est contigu au presbytère et aux fossés de la ville.
A la mort du prieur Jean Navier en 1757, l’abbaye de Saint Faron afferme la terre et les bâtiments. Le prieur n’y réside plus. Mais le prieuré est une ressource importante de l’abbaye de Saint Faron.

En 1792, la ferme du prieuré est rachetée par le sieur Dupont, qui deviendra pair de France. En 1856, Adolphe Lenfumé de Lignières, maire de la commune et propriétaire du château et du prieuré propose de vendre celui-ci à la commune pour servir de mairie et d’école. Pour acheter ce bâtiment, la commune vend l’hôtel Dieu et l’ancienne école.
A cette époque la ferme comporte un corps principal et une cour fermée de mur et entourée de bâtiments : bergerie, grange, porcherie, étable. L’entrée est couverte par un pigeonnier, symbole des droits seigneuriaux.

En 1861, les dépendances sont détruites, le bâtiments principal rénové et aménagé pour servir de mairie, salle d’asile pour indigents (« destinée à recevoir de jeunes êtres qui y trouvent l’éducation récréative sous une surveillance maternelle » transformée en école maternelle en 1881), le logement du garde champêtre et de l’instituteur, et une salle d’école construite dans la cour.

Maladrerie: Peu avant 1300, une maladrerie est construite à la fourche des chemins de la Conge et du Bois Garnier. Située à l’écart du village, elle recueillit les lépreux jusqu’au 16è siècle.

Hôtel-dieu: Cette léproserie est remplacée par un hôtel-dieu ou hôpital, dont on trouve les premières traces en 1510. H était meublé de 2 lits de bois sans paillasse. Situé au Nord Ouest de l’église, à l’emplacement de l’actuel poulailler désaffecté du château. Les bâtiments de l’hôtel dieu, devenus biens communaux à la révolution, continuèrent à être utilisés, servant d’hospice pour les personnes âgées. En 1832, 2 vieillards y mourront du choléra. Les bâtiments furent désaffectés envers 1860.

Chapelles Sainte Nicaise et Saint Nicolas: Existante au I4eme siècle, elle était à la collation de l’abbé de St Faron puis passa à la collation de l’évêque de Meaux. Son emplacement exact est inconnu, mais elle est citée en 1829 comme étant dans l’église. Elle disparaît des registres vers 1830, mais il n’en existe aucune trace de destruction.

La chapelle Saint Nicolas n’est citée que dans un document. C’est peut-être une mauvaise transcription de Saint Nicaise. Cette chapelle fut reconstruite en 1594, lors de la reconstruction de l’église. Tout semple indiqué qu’il s’agit de la chapelle à gauche du choeur. En effet, ses murs sont adossés aux murs principaux du choeur, mais postérieurs et moins épais, l’entrée voûtée s’intégre bien dans la construction et le style des ouvertures du choeur et le niveau de son sol primaire, à 40 cm sous le sol actuel correspond au niveau du sol en pierre du choeur.
Sa construction a fait appel à des matériaux de réemploi, que l’on retrouve dans l’encadrement de la porte et dans les pierres de voûtes. Les départs de cintres ne sont pas appuyés sur une corniche, les pierres sont mal ajustées et irrégulières, avec des brisures non correspondantes.

Il est vraisemblable que ces matériaux ont été récupérés lors de la reconstruction de l’église en 1594. Ils sont en effet de facture plus ancienne que les pierres de la voûte du choeur. En particulier la clé de voûte armoriée d’un lion rugissant est la seule portant des armes de toute l’église. Ces armes sont identiques à celles de Jean de Meulant, seigneur de la Queue, évêque de Meaux de 1335 à 1351 .La tradition rapporte que seul le vidame avait le droit d’avoir ses armes dans l’église de Trilbardou.

Jean de Meulant était le frère héritier de Guillaume de Meulant, qui avait épousé Isabelle de Trie. En 1337 cet évêque fut honoré par le roi pour son courage aux batailles de Bovines et Saint Orner. Peut-être est-ce l’origine des honneurs particuliers de la vidamie de Trilbardou : dans un même moment sont liés le roi de France, un fait d’arme où intervient l’évêque de Meaux et ses hommes d’armes, dont le vidame est naturellement le chef, la famille de Trie. Ce vidame reçu-t-il en récompense le fief de Trilbardou, dont l’évêque avait hérité par a succession de son frère ?

Dans ce cas, cette clef de voûte pourrait être un élément de l’ancienne église, détruite durant la guerre de 100 ans.

Dans cette chapelle un accès, muré en 1782, donne sur le puits de Sainte Geneviève.

Le presbytère: Le premier presbytère connu, en 1526, est contigu à la maison du prieur. Il s’écroule en 1574. Il fut vraisemblablement reconstruit en 1594, lors de la restauration de l’église.

En 1716, il est à nouveau restauré, il semble que son emplacement ait été à droite de l’église au nouveau du choeur, où existe encore une ouverture murée.

La date exacte de la destruction de ce bâtiment est inconnue. Ce presbytère fut vendu avec le prieuré, lors de la vente des biens ecclésiastiques lors de la révolution. Il fut transformé en ferme, la ferme Bocquet qui comportait les bâtiments et les terrains entre l’église et le prieuré.

En 1822, la commune décide d’acquérir la maison située à gauche de l’église pour y établir le presbytère. Il est occupé par les différents curés, le dernier étant l’abbé Chabot. En 1975, il n’y a plus de curé habitant à Trilbardou, le presbytère est désaffecté, puis loué comme maison d’habitation et finalement vendu en 1998.

Le cimetière: II était situé à l’origine autour de l’église, mais l’augmentation de la taille de l’église en 1885 se fit au détriment de la surface du cimetière. Vu le manque d’espace et la contiguïté avec les habitations, il est déménagé à sa place actuelle en 1788.

La construction du canal de l’Ourcq produisit d’importants remblais et obligea la surélévation du cimetière. Le cimetière actuel est donc composé de 2 cimetières superposés.

Seigneurs, assemblées communales, maires

Le premier seigneur dont le titre apparaît sur un document est Hugues Bardoul II de Broyés en 1081. Ses armes sont exposées dans la salle des croisades du palais de Versailles, en reconnaissance du voyage qu’il fit en terre sainte (première croisade). Ses mêmes armes figurent sur les armoiries de Trilbardou.

La seigneurie de Trilbardou se transmis ensuite par héritage ou mariage jusqu’à la fin du 13 ème siècle. Le plus célèbre des seigneurs de Trilbardou de l’époque est Thomas de Coucy (1212-1252).

A la fin du 13è siècle, les terres de Trilbardou sont morcelées à la suite de ventes et de partages. Les droits seigneuriaux dépendent alors de l’évéché et de la commune de Meaux, mouvant du comte de Champagne.
La révolte des paysans, sa fin sanglante dans le marché de Meaux amèneront le roi Jean le Bon à faire pendre le maire de Meaux et à confisquer les terees et la vidamie de Trilbardou. Le roi louera les terres pour en toucher « proffits et revenus ».

Jean de Noyers, descendant de la famille de Broyés, récupéra les terres de Trilbardou en 1376. Se succéderont ensuite, par héritage, mariage ou vente, Jean de Lignières (+1449), Edouard de Beaujeu, puis la famille Vaudetar jusqu’au début du 17è siècle. Puis par mariage, les terres et titres passèrent aux mains de Jacques de Mesgrigny en 1644 puis à sa fille Marie-Marguerite Radegonde de Mesgrigny.

Un partage entre ses héritiers donna à Louis Joseph Marie de la Coste Messelière la seigneurie et vidamie de Trilbardou.. Le 16 septembre 1783, ses enfants firent estimer et vendre le château et les terre de Trilbardou.
C’est le lieutenant général de police Jean Pierre Charles Lenoir qui acheta le château. Il fut bibliothécaire du roi, puis président de la commission des finances. En 1789, voyant venir les désordres révolutionnaires, il émigra, laissant au chevalier de Nanteuil le soin de vendre ses biens.

Le 20 mars 1790 le château et les terres de Trilbardou furent vendus au banquier Jean Dupont. Ce dernier ne fut seigneur que quelques mois, l’abolition des privilèges intervenant le 4 août 1790. Sa femme géra son domaine jusqu’à sa mort en 1824. Ils sont tous les 2 enterré au cimetière de Trilbardou. Leur neveu Jean Joseph Lenfumé de Lignières, hérita de Trilbardou. Lors du décès de son fils Adolphe en 1884, les biens seront vendus à Eugène Koller, agent de change. La famille Koller possédait déjà par mariage les terres de Vignely.

Les terres de Trilbardou et Vignely passeront ensuite, 1910 à Fernand Koller, puis en 1936 à Raymond Koller.
Les maires et assemblées communales. Le 8 août 1787 fut formée la première assemblée municipale du village : elle comprenait le seigneur de l’époque, Lenoir, et 6 députés : Bocquet, Bijot,, Bertrand, Aube, Quentin, N. et un syndic Pingard.

La révolution amena la réformedes assemblées communales et Bocquet fut élu maire le 17 février 1790. Il est relégué parmi les conseillers par la constitution du 5 Fructidor an 3 (1795) qui nomme un maire unique par canton. Puis est rétabli un maire par commune et c’est Nicolas Adam qui est nommé maire.

Puis se succéderont Jean Joseph Lenfumé de Lignières, Alexandre Pachot, Adolphe Lenfumé de Lignières(1840-1883), Ernest Michon(1883-1885), Louis de la Roche(1885- 1895), Egène Koller(1895-1910), Fernand Koller(1910-1936), Raymond Koller(1936-1953), Robert Debeaupui(1953-1965), René Hunsiger(1965-1979), Michel Proffit(1979-2003), Véronique Devaud(2003-2008), Jacques Dreveton depuis mars 2008.

La justice

Le droit de justice fut une prérogative seigneuriale à laquelle furent très attachés les différents seigneurs de Trilbardou, Vignely et Montigny

Il faut distinguer les droits de haute, moyenne et basse justice.

La basse justice concernait tous les problèmes entre sujets ainsi que le droit de bornage et mesurage avec consentement entre les parties. En matière criminelle, elle tranchait les délits justifiant d’une amende inférieure à 10 sous.

La moyenne justice concernait les causes civiles. En matière criminelle, elle tranchait les délits justifiant d’une amende inférieure à 60 sols.

La haute justice réglait toutes les causes civiles et de police, exceptés les cas relevant de la justice royale. Ce droit fut longtemps matérialisé par un gibet, situé à la limite des villages de Trilbardou et Charmentray, où il était toujours visible au 18è siècle. Il n’en reste plus actuellement que le nom du lieu-dit « la justice ».

Au début du 11è siècle, la justice appartenait sans doute au seigneur de Broyés.
Sous l’administration des comtes de Champagne, Trilbardou était de la prévôté de Meaux. Dans la charte accordée par le roi Henri 1er à la ville de Meaux en 1179, on peut lire « In hac libetate hujus communie apposui Charmentre et Trylobardum ». En 1213, la comtesse de Meaux, Blanche de Navarre, possédant une maison à Trilbardou, conteste les droits de justice au chapitre de Meaux.

Lorsqu’en 1314, le comté de Meaux fut réuni à la couronne de France, les droits de justice furent l’apanage des rois de France. Ils y restèrent jusqu’en 1480 lorsque le roi Louis XI les donna à Jacques de Beaujeu, en échange d’un droit de taxe sur le vin. Mais ils retournèrent à la couronne lors de la vente des terres de la famille Vaudetar.

En 1578, la haute justice fut adjugée au seigneur de Montigny, Jean le Boulenger. Dès lors il se forma une prévôté où se jugeaient les premières causes des seigneuries et justice de Trilbardou et Charmentray. Les appels étaient portés devant le bailli de Meaux, représentant du roi.

Le 18è siècle vit alors une période de procès entre les seigneurs de Trilbardou et de Vignely se disputant les droits de justice.

La révolution supprima ces privilèges.

En 1789, la création de la milice populaire fut décidée afin de veiller à la sécurité du village et des routes. Cette milice n’empêcha pas une violente échauffourée entre les habitants de Trilbardou et Charmentray en décembre 1790, qui fit plusieurs blessés. Il semble cependant que la justice rendue pendant la période révolutionnaire à Meaux par le comité, n’ait eu que peu de dossiers importants à traiter, mis à part les différents avec le curé Fontaine, ainsi que les traditionnels vols de vêtements, nourriture et les nombreuses altercations et rixes dans les cabarets du village.

Vers la moitié du 19è siècle, la route de Meaux est à nouveau peu sûre. L’état désastreux des chemins oblige les voyageurs à se déplacer à pied, ce qui entraîne une recrudescence des attaques. Il fallu la création d’un détachement de la garde nationale pour améliorer la situation.

Châteaux

Les châteaux de Trilbardou et Bois Garnier (entre Trilbardou et Vignely) ont vraisemblablement été construits vers le milieu du 10è siècle pour résister aux invasions des Normands. Le 1er texte connu parlant du château de Bois Garnier le cite comme un manoir construit au milieu d’un bois, près du château-fort de Trilbardou.

Au 14 et 15eme siècle, la Jacquerie puis les guerres anglo-bourguignonnes détruisent le château du Bois Garnier. I! fut, semble-t-il, reconstruit, car en 1446 il est cité comme château fortifié. Détruit à nouveau vers 1524 pendant les guerres de religions, il céda sa place à une ferme. L’emplacement et la forme du château est encore visible sur certaines photos aériennes : les fossés formaient un carré de 100m sur 100, entourant un donjon de 20 m de diamètre.

En 1206, le château de Trilbardou est qualifié de château-fort.

Il ne fut occupé qu’occasionnellement au cours des 16, 17 et 18è siècles et tombe progressivement en ruines.

En 1582, il avait perdus ses tours, tourelles et pont levis. Il est encore entouré de hautes murailles et la terrasse de pierre de taille qui allait jusqu’à la Marne est séparée du château par le chemin allant aux moulins.

En 1784, l’intendant de police Lenoir en rachète les ruines. Le château est qualifié alors de vieux château fort de peu de valeur en très mauvais état.

Lenoir ne conservera que les caves. Le nouveau château, dessiné par l’architecte Brogniart est reconstruit en 1788. De style Louis XVI, il comporte 3 étages et des souterrains de la forme de ceux des Invalides à Paris. Une de ses particularités est de présenter les 2 façades exposées au soleil en pierre blanche et les 2 autres en pierre rouge. Le parc est redessiné, il comporte une prairie à l’anglaise et un bois touffu.

Lenoir passa un accord avec les Triboulois : la rue qui passait entre son château et la Marne fut supprimée. Ceci lui permit de réunir la ferme du sieur Bocquet (actuels communs) et le parc du château.
En échange, il fit construire :

  • Un quai le long de la Marne formant terrasse, garni de pavement en pierre de taille et de bornes reliées par des barres de fer.
  • La rue du Presbytère fut pavée et élargie et s’appela la rue du Pavé Neuf
  • Un puits fut creusé en face de l’église.

La révolution passa sans encombre sur le château. Les successeurs de Lenoir, Dupont et Lenfumé de Lignières, n’y apportèrent pas de changement notable.

Cependant, ai début du 19è siècle, la construction du canal de l’Ourcq coupa le parc en deux, mais le dota d’un pont de pierre qui est un des plus beaux sur le canal.

En 1883, la famille Koller acheta le château, l’architecte Lagrave le mit au goût des nouveaux propriétaires, en style Louis XIII. Il fut remanié avec goût et meublé avec richesse. Le parc fut agrandi par les acquisitions successives du hameau du Bout de l’Orme (actuelle piscine), la rue de l’Hôtel-Dieu et les bâtiments de l’hospice, remplacé par l’actuelle maison du concierge et par l’éolienne.

La famille Koller occupa le château jusqu’en 1954 puis le vendit à la ville de la Courneuve en 1956, actuel propriétaire.

Outre les châteaux, des documents mentionnent l’existence de 2 enceintes fortifiées successives autour du village. Des substructions découvertes lors de la construction du pont en 1882 laissent supposer qu’existait sous les gaulois ou gallo-romains une fortification sur la rive gauche de la Marne, dans l’alignement de l’actuelle rue Debeaupuis.

Le village fut également entouré de murailles au 16è siècle pour le protéger des incursions répétées de pillards, troupes, armées anglaises, bourguignonnes, protestantes ou catholiques, qui furent le lot des villages de la région à cette époque. De nos jours il ne subsiste aucune trace ni des fossés ni des murailles ou fortifications.

le Château de Lenoir
le Château de Koller
Eolienne

Les ponts

Nous avons retrouvés la trace de 11 ponts successifs :

N°1 Des vestiges d’un pont gallo-romain ont été découverts lors de la construction du pont métallique de 1882.

N°2 Un autre pont fut détruit par les Normands s en 862

N°3 Ce pont fut reconstruit la même année par Charles le Chauve. 25 ans plus tard, le pont fut à nouveau détruit par les Normands venus faire le sac de Meaux. Une rue de Coupvray cite ce pont des 11è et 12è siècle : c’est la rue du Pont de Try, qui utilise encore l’orthographe du nom du village de l’époque

N°4 Le pont fut rapidement reconstruit en raison de sa situation stratégique ; cette importance est confirmée par le fait qu’il reste un fief indépendant du village. Le pont et ses rentes passent de main en main au cours des 11è,12è et 13è siècle.

En 1230 le pont figure sur les armes de la famille de Trie

N° 5 Nous n’avons pas trouvé de trace du pont au 14è siècle : d’après une note manuscrite il semble que reconstruit au 14è siècle, il fut détruit en 1488. La destruction eut plus vraisemblablement durant les guerres anglo-bourguignonnes de la 1ère moitié du 15è siècle.

N°6 Un nouveau pont est construit en 1493-1495 : les droits de passages et rentes rapportent 30 livres en 1489 et 1490, 12 livres en 1491.

A nouveau cité en 1522 et 1562, il fut détruit à l’occasion d’un combat entre les troupes de Coligny et une avant-garde de l’armée royale le 28 septembre 1567. Cette destruction fut réalisée par le capitaine la Rivière Puistallé et le vicomte de Paulny. Cette escarmouche fut le premier engagement de ce qui fut nommé « la retraite de Meaux », prélude à la retraite précipitée de Charles IX.

N°7 Le pont ne sera pas reconstruit avant la fin du 19è siècle. Un bac le remplaça.
Plusieurs projets de ponts furent étudiés, mais aucun ne vit le jour.

N°8 Le 9 avril 1881 fut enfin adjugée la construction d’un pont métallique, il fut livré à la circulation en juin 1882. Il était situé dans le prolongement de l’actuelle rue Debeaupuis. Son architecture était révolutionnaire pour l’époque. Il fut détruit par le génie français le 3 septembre 1914 afin d’enrayer l’avance de la 1ere armée allemande. Il resta effondré dans l’eau jusqu’en 1917 lorsque des scaphandriers vinrent le démonter pour en récupérer les poutrelles.

Pont métallique détruit par le génie français le 3 septembre 1914

N°9 En 1925 un pont en béton dans l’alignement de la rue du Bac. Il fut dynamité le 13 juin 1940 par le Génie Français.

Lors de la percée vers Paris, l’armée allemande jeta un pont provisoire passant par I île moulin.

N°10 Le déblaiement du pont en béton commença dès septembre 1940 et fut remplacé par une passerelle en 1942. Celle-ci resta le seul moyen de passage jusqu’en 1950.

N°11 Enfin, le 28 mai 1950 eut lieu l’inauguration du pont actuel.

Les guerres

Situé sur le passage obligé des envahisseurs, entre Paris et l’Est de la France, le village eut à subir les conséquences de nombreux conflits.

Le plus ancien dont subsiste une trace sous la forme d’une pièce de monnaie est l’invasion d’une tribu belge des bords de l’Escaut ver 380 avant Jésus-Christ. Cette tribu s’arrêta sur les bords de la Marne, et y supplanta les Celtes. L’homonymie entre cette tribu « Brugensis civitas » et le nom de la brie « Brigensis Pagus » permet de penser que le nom de la Brie provient de cette invasion.

Le soulèvement des Bagaudes vers 285, fut suivi par l’invasion des Francs en 486. Plus tard Clovis eut à vaincre la confédération des Gaulois dont faisaient partie les tribus de la région de Meaux.

En 862, les Normands, après avoir passé Paris remontèrent la Marne pour faire le siège de Meaux. En redescendant la Marne, ils rencontrèrent à Trilbardou les hommes de Charles le Chauve, accourus de Senlis. Le pont de Trilbardou, rompus par les Normands à leur montée, avait été rétabli et fortifié par les troupes du roi, qui en gardait les 2 côtés. Les Normands rendirent tous les prisonniers faits depuis leur entrée dans la Marne, ils durent rejoindre les autres Normands et avec eux descendre la Seine et reprendre la mer.

25 ans plus tard, les Normands remontèrent à nouveau la Marne pour assiéger Meaux. Meaux fut mis à sac ainsi que fort vraisemblablement tous les villages du bord de la rivière.

A la révolte des Jacques en 1358, la population paysanne se révolta et brûla les châteaux et les fermes isolées. C’est à cette époque que fut détruit le château du Bois Garnier, ainsi que la plus grande partie du village de Saint Saturnin. Ces destructions furent sans doute opérées par la bande de pierre Gilles qui, à la tête de 400 paysans détruisit le château du seigneur Jean de Charny ainsi que d’autres manoirs situés sur la rive droite de la Marne.

Le siège de Meaux par les anglais pendant l’hiver 1420-1421 mis à contribution à nouveau les habitants du village, les assiégeants vivant sur l’habitant. Les anglais occupèrent Meaux pendant 17 ans et le 20 juillet 1439 Arthur de Bretagne et ses 4000 hommes venus délivrés Meaux, furent logés à Ruthel, Chauconin et les villages environnants.
Au début des guerres de religion, en 1562, le roi Henri III alors âgé de 11 ans passa à cheval accompagné du duc de Guise. Il fut arrêté au pont de Trilbardou et malgré l’aide d’une compagnie suisse, fut obligé de rebrousser chemin jusqu’au bois de Vincennes, le pont étant gardé de part et d’autres par les Huguenots. A Pâques, en 1562, se réunirent à Meaux tous les chefs du parti réformé : Condé, Coligny, te vicomte de Rohan. Meaux devint alors le lieu de rassemblement des protestants persécutés de l’ïle de France. En 1564, de nouveau, les troupes royales partant de Lagny furent arrêtées au pont car les troupes de protestants, commandées par Condé et Coligny s’y avançaient. En 1567, le roi fut poursuivi entre Trilbardou et Charmentray par le prince de Condé, sans succès.

En 1575, le roi Henri III autorisa les habitants à clore de murailles leur village, se protégeant ainsi es Huguenots, de la ligue et du roi.

Il semble qu’à cette époque, vivant dans une zone en état de guerre permanente, les habitants du village se soient particulièrement bien organisés pour répondre à toute attaque, quel que soit le parti.

La révolution de 1789 amena la création d’une milice composée de tous les habitants de plus de 16 ans, en 14 patrouilles de 8 hommes. Elles effectuaient chacune à leur tour des gardes de jour et de nuit. Cette milice était commandée par le citoyen Turlure. Le château avait alors été déserté et mis en vente par son propriétaire, parti en Suisse. Son acquéreur, le comte Jean Dupont fut en 1793 porté sur la liste des suspects, sans doute à cause de sa fortune. 2 versions existent sur son activité pendant la terreur : il fut jeté en prison et évita l’exécution capitale, ou il aurait été gardé par 2 sans culottes dans son château. Appelé à se présenter devant le comité de salut public, il aurait dû la vie à son fermier, maire de la commune, qui refusa de l’arrêté.

Le curé de Trilbardou continua à dire la messe mais fut dénoncé le 23 Ventôse An 2.Il devint directeur du musée de Meaux. Le comité invite la municipalité à faire disparaître tous les signes du culte catholique de l’église. Le curé fut finalement réintégré dans sa fonction le 20 Fructidor An 11, ayant conservé l’estime et la confiance des villageois.
La période du consulat et de l’empire ne troubla pas la tranquillité du village. La popularité de Napoléon devait être grande vu le grand nombre d’enfants prénommé Victor, Victorine, Victoire et même Napoléon.

Les défaites napoléoniennes amenèrent l’arrivée des cosaques. Le 28 mars 1814, l’avant- garde des Prussiens marcha sur Meaux, le général Compans se replia sur Paris et son arrière garde fit sauter le pont de Trilbardou et le magasin de poudre de la chaussée de Paris, qui renfermait 27 000 gargousses et 3 000 000 cartouches. L’explosion fit voler en éclats toutes les vitres du village. Les premiers prussiens arrivèrent à Trilbardou le lendemain matin et prirent possession du village, réquisitionnant nourriture et chevaux. Les troupes cosaques prirent leur campement à Claye, mais des patrouilles pillèrent régulièrement les villages et fermes des alentours. La haine des habitants était telle envers les envahisseurs que de nombreux cosaques qui eurent le malheur de s’aventurer seul dans le village le payèrent de leur vie.

La révolution de 1848: Dès septembre 1830 un détachement de la garde nationale est discutée à Trilbardou. 92 habitants de 18 à 60 ans se présentent. En 1831, des patrouilles de nuit sont organisées dans le village, on compte 76 gardes et 17 réservistes, sous la direction d’Adrien de Lignières, capitaine ;

Les 23, 24 et 25 juin 1948 le peuple de Paris se soulève et dresse des barricades, les gardes nationaux sont appelés en renfort. Le 24 un détachement part de Meaux à pied. Il comporte 108 hommes ; il est suivi d’un deuxième détachement de 400 hommes le 26. Un détachement comportant des hommes de la Ferté sous Jouarre, Trilbardou, Lizy et Claye escorte des prisonniers de la Villette à Aubervilliers, puis d’autres des Tuileries à l’école militaire. Le détachement de Trilbardou est alors commandé par monsieur Lavaux. Le 27 la 2ème colonne retrouve la 1ere à la barrière de Fontainebleau, après avoir traversé le faubourg Saint Marceau encore aux mains de la légion Barbés. Vers 16h, l’ordre de départ est donné, mais la relève n’arrive que vers 20h30, et les 2 détachements partent alors en ville, par le pont d’Austerlitz et la place de la Bastille. Près de 200 hommes arrivent à prendre le bateau le jour même et débarquent à Claye. Le 28, tous les détachements ont regagnés leur village. Celui de Trilbardou rentre avec un blessé qui décédera chez lui.

Guerre de 1870: Le 17 juillet 1870, Napoléon III déclare l’état de guerre entre la France, la Prusse et les alliés de la Prusse. Les combats dans l’est de la France tourne vite au désavantage des français, et, à la suite de la capitulation de Sedan, le I3eme corps d’armée rétrograde de Sedan à Paris. Il est suivi des 3è et 4è corps d’armée de Moltke, qui arriveront le 13 septembre à Trilbardou et vers le 15 aux alentours de la capitale pour l’encercler. Le siège de Paris est commencé. Le canal de l’Ourcq est mis à sec, la station de pompage stoppée. Début septembre, Bismark se rendant au célèbre rendez-vous de Ferrière avec Jules Favre passe à Trilbardou. De nombreux enfants de Paris sont recueillis dans le village, échappant au siège et à la famine. La Marne est utilisée pour faire parvenir aux parisiens des messages dans des bouteilles.

L’occupation des Prussiens commence le 3 janvier 1871. L’armistice est signée le 23 janvier. Le sous préfet réclame alors des contributions extraordinaires aux département de Seine et Marne. Trilbardou ne paiera que 500 francs car ne restait dans le village que le maire, le village ayant été complètement abandonné par ses habitants. L’armée prussienne occupe le village où sont casernés plus de 400 militaires avec leurs chevaux. Cette occupation, avec tous les pillages qu’elle suppose, durera jusqu’au 165 mai et reprendra du 1er au 6 juin. Après le départ des occupants, le conseil municipal décide de voter un secours de 200 francs aux habitants de la commune, au titre de dommage de guerre. Le montant total des dommages s’éleva à 134 174 francs et le dédommagement fut de 12124 francs soit environ 9%.

Guerre de 1914: Dès le début de septembre 1914, l’avance de la première armée allemande du général von Kluck tente de contourner Meaux par l’Ouest. Le village fut atteint le 4 septembre 1914 par les avant-gardes du 2eme corps Pomeranien. Ils y resteront jusqu’au 5, pillant le village et le château, et incendiant la ferme de la Conge, y installant une batterie d’artillerie et réquisitionnant le matériel du maréchal-ferrant.

Le génie français en arrière garde, les avait précédé et fait sauter le pont, le bateau-lavoir ainsi que les bateaux de pêche. C’est alors que la Vlè armée française du général Maunoury, en particulier les 14è, 45è, 55è et 63è divisions passent à l’action. Le village est évacué par les allemands pendant la nuit, remplacé dans la matinée par le corps de tirailleurs marocains de la 6è armée. Aucun combat n’aura lie dans le village, les engagements ayant lieu sur la plaine, entre Trilbardou et Iverny, le poste de commandement français étant disposé à l’intersection de la RN3 et de la route de la Conge. Le 4è corps prussien, commandé par général von Kluck fait front immédiatement. De part et d’autres les pertes sont lourdes. Charles Péguy tombera à la limite des terres du village. Le champ de bataille sera abandonné le soir par Grouau, qui se retirera du Nord de Meaux préférant tenter une percée au Sud-Est, vers Coulommiers ;

Le 6 septembre lorsqu’à 7h30 du matin, Joffre donne l’ordre d’attaque générale, le village est occupé par les troupes françaises. Les taxis de Paris sont réquisitionnés pour amener les 6000 hommes de la 7è division d’infanterie du général Maunoury ; Trilbardou verra ainsi défiler sur son territoire plus de 1000 taxis. La ligne de front se déplace, et Trilbardou, retrouve son calme pour quelque temps. Un hôpital de guerre est installé dès le premier jour de la bataille de la Marne dans le château. Il verra arriver de nombreux malades pendant l’épidémie de grippe de 1916, qui causera de nombreux décès.

La bataille de la Marne n’occasionna aucun mort sur le territoire du village malgré les escarmouches qui s’y déroulèrent.

Pendant toute la guerre, Trilbardou restera cantonnement militaire, sous le commandement du capitaine Cretinou et du sergent Bernard. Les dernières troupes quitteront Vignely en décembre 1918. Les principaux dégâts causés dans le village furent le fait des troupes françaises et alliées en 1914.

Le dimanche 7 septembre 1924, fut inauguré le monument du maréchal Galliéni, élevé pour le 10è anniversaire de la bataille de la Marne, en présence de monsieur Henriot, du général Nollet, ministre de la guerre, du ministre de la Marine et du général Joffre.

Guerre de 1940: Le lundi 10 juin 1940, Tordre d’évacuation est donné à Trilbardou. Le 13 juin les troupes allemandes se dirigeant vers Paris envahissent le village, le seul canon, situé dans le bois le long de la Marne ayant disparu le jour même. Le pont et le bateau-lavoir furent dynamités, après l’évacuation, par les soldats français qui en profitèrent pour vider les quelques caves encore fournies en boissons diverses. L’occupation allemande se passera sans problème particulier. Le château sera occupé pendant toute la guerre.

En août 1944, les chars américains arrivèrent par la route de Vignely. Ils installèrent tout d’abord une batterie d’artillerie à l’entrée du village, rue de Vignely, qui pendant quelques heures tira sur les hauteurs proches de la RN3. Cette batterie fut ensuite installée dans le parc du château, d’où elle pilonna les fuyards allemands. L’arrivée des Américains fut l’occasion d’une fête générale dans le village, pendant 3 jours et 3 nuits.

Les transports

Avant le 17è siècle, il n’existait pas de transport en commun, les classes aisées se déplaçaient à cheval, à mule ou à dos d’âne, les dames de quelque rang, en litière, le reste à pied, ce qui était d’ailleurs souvent plus rapide.

Le chemin des postes existe depuis 1483, lorsque Louis II avait établi la poste à chevaux, et les logis pour ceux-ci. L’usage en était exclusivement royal ou militaire.

La première desserte régulière de coches publics passant par le chemin des postes a été établie en 1607. Trilbardou se trouvait alors sur la voie Paris-Nancy. Le coche étai constitué d’une caisse directement posée sur les essieux et était particulièrement inconfortable. L’état des routes était tel qu’il fallait un jour entier pour aller de Paris à Meaux et 6 jours pour aller de Paris à Nancy.

Au début du 18è siècle apparut le carrosse. Il partait de Paris tous les samedis à 7heures, on déjeunait à Villeparisis et on couchait à Meaux.

En 1771, le carrosse de Meaux à Paris, 12 places faisait 2 allers-retours par semaine. Le voyage était plus agréable, car une partie de la route avait été pavée.

En 1774, le carrosse devient diligence et effectue le trajet Paris-Meaux en 5 heures et en 1793 les liaisons deviennent quotidiennes. La diligence est tirée par 5 chevaux.

Le chemin des postes est entretenu, mais le reste du réseau de chemins est dans un état déplorable.

L’ouverture du canal de l’Ourcq permet l’établissement d’une liaison par coches d’eau, tirés par des chevaux.

En 1822, la ligne Paris-bassin de la Villette à Claye est ouverte, une galiotte effectue 2 trajets par jour. Lorsque la mise en eau du canal fut complète, cette ligne s’étendra et assurera vers 1839 la liaison Paris-Meaux.

Les bateaux poste étaient tirés par 3 chevaux montés d’un postillon allant toujours au galop, les chevaux étaient relayés 8 fois sur le trajet qui ne durait que 3 heures. Le bateau contenait soixante personnes en première et deuxième classe.

En 1849 la ligne de chemin de fer Paris -Meaux fut inaugurée. Pour les habitants de Trilbardou, Paris n’était plus loin et les habitudes du village commencèrent à changer.

Un service de diligence entre Trilbardou et Esbly fut créé en 1853, les échanges avec l’extérieur augmentèrent et le village vit arriver de nouveaux habitants et partir d’anciens villageois. La diligence Paris-Meaux disparut ainsi que le bateau poste du canal. On commença à paver les rues du village.

La suppression du bac et la construction du pont de fer en 1882 ouvrirent le village à la circulation automobile et les bords de Marne furent fort courus à la Belle Epoque. Il était même possible de louer des automobiles et des canots à Trilbardou.

Une diligence publique assura les trajets Trilbardou-Vignely-Esbly jusqu’en 1920, faisant 2 trajets par jour pour amener les habitants jusqu’à la gare d’Esbly le matin et les reprendre le soir.

En 1920, la diligence fut remplacée par un véhicule automobile conduit par Monsieur Abriol

L’agriculture, l’élevage, les vignes

L’agriculture: Au cours des 12 et 13èmes siècles le chapitre de Meaux fut un des premiers à utiliser le fermage et donner en bail des terres de peu de superficie à des paysans du village. Les fermes sont alors la propriété des seigneurs et de l’église. Seules les terres de mauvais rendement sont laissées aux habitants. Les cultures pratiquées sont la vigne, le seigle, le méteil, l’avoine, le blé et le trèfle rouge. Ce dernier servait d’engrais, enfoui après la deuxième récolte. Il était semé sur une jachère destinée à recevoir les blés d’automne.

Très rapidement les principales fermes sont établies : ferme de la Conge, ferme de la Croix au centre du village, ferme du seigneur, le long de la Marne, ferme de la rue de Vignely, ferme du Prieuré, ferme du Bois Garnier et celle du Bout de l’Orme.

Au 17è siècle, les fermiers commencent par le rachat progressif des terres à la caste féodale à posséder à des surfaces de culture notables.

De nouvelles cultures telles que la betterave à sucre, la pomme de terre, les topinambours, le colza et le lin virent le jour pendant les guerres napoléoniennes.

A la révolution les fermiers avaient pris beaucoup d’importance dans le village et rachetèrent une bonne partie des terres ecclésiastiques.

La charrue utilisée en Brie passait pour être une des meilleures de son temps. Elle pesait 390 kilos, nécessitant 3 ou 4 chevaux, comportait 2 roues d’inégale grandeur, celle de gauche d’un diamètre de 3 à 4 cm de moins que l’autre.

Les conditions de culture resteront identiques pendant plus d’un siècle. En 1770 on comptait 75 chevaux de trait, en 1850 84 chevaux, en 1930 78 chevaux et 86 boeufs pour Trilbardou et Vignely. La mécanisation de la culture, amorcée avec le début du 20è siècle fera disparaître les boeufs et chevaux. Les derniers chevaux de trait seront utilisés en 1960, dix ans après les derniers boeufs, et l’on verra disparaître les petites exploitations.

De nombreuses cultures furent abandonnées, telle le chanvre et l’osier.

L’élevage: II fut longtemps pratiqué dans la commune, sur des terre trop mauvaises pour être mises en culture. : la boucle de la rive gauche de la Marne, les marais de Lesches, les terres inondables de la rive droite.
Ce fut l’élevage du mouton qui fut le plus important comptant au 18è siècle plus de 1200 bêtes. Les moutons étaient parqués dans des bergerie malpropres, ce qui favorisait des pizooties fréquentes, qui sous le nom de clavelle ou claveau décimaient les troupeaux. De plus, le grand nombre de loups auxquels les bois de Brie servaient de refuge rendait le parcage difficile.

La mécanisation de la culture et l’augmentation des surfaces cultivables qu’elle autorisa, amenèrent la diminution des moutons qui disparaîtront en même temps que les vaches. Cette disparition amènera la fin de la fabrication artisanale du fromage de Brie dans les communes de Vignely et Trilbardou dont la production encore considérée comme importante en 1855, était vendue sur le marché de Meaux.

Le 20è siècle vit aussi disparaître les pigeons dont l’élevage existe depuis le 13è siècle. Toutes les fermes possédaient alors un pigeonnier. La quantité importante de pigeons avait d’ailleurs obligé à proclamer un « ban de moisson » semblable au ban des vendanges, pendant lequel les pigeonniers devaient rester fermer afin d’éviter que les moissons soient dévastées par ces oiseaux.

Les vignes: La culture de la vigne fut pratiquée depuis le moyen-âge. Les vignerons doivent payer un impôt sur la culture des vignes et aussi un droit pour presser le vin. L’usage du « pressoir banal » situé dans une des maisons de la place, appartenant au seigneur, est obligatoire, le droit de pressage étant fixé à 1/5 des produits de pressage. Les propriétaires ecclésiastiques échapperont à ce droit et ils eurent leur propre pressoir.

Le vin produit avait la particularité d’être de mauvaise qualité, les récoltes étant peu régulières, la vigne étant particulièrement sensibles aux gelées tardives et à l’humidité de certains étés. Boileau parlant du vin de la région disait : « Je consens de bon coeur, pour punir ma folie que tous les vins pour moi deviennent vin de Brie ».

La culture de la vigne resta la plupart du temps une culture locale, chaque propriétaire produisant le vin destiné à sa propre consommation.

L’amélioration des communications amena une concurrence plus vive avec des vins de meilleure qualité, A la fin du 18è siècle, on notait encore plus d’une dizaine d’hectares de vignes, vers 1840 il n’en restait que 3, le dernier ban de vendange fut annoncé le 14 octobre 1847 et le dernier vigneron décéda en 1851.

Artisanats et métiers

Il n’y eut jamais d’industrie ou fabrication particulièrement développée dans le village.

Des plâtrières furent exploitées au 17è siècle sur le versant de Montigny. Une carrière sera créée lors des travaux de la route royale n°3 au lieu-dit la cave des Graviers entre Trilbardou et Charmentray.

Avant la révolution, la population est tournée essentiellement vers l’élevage et l’agriculture. On y dénombre outre les nombreux manouvriers, des charretiers, des bergers, des charrons, des cultivateurs. Mais aussi un notaire, un chirurgien, un maçon, deux cordonniers, deux boulangers, un meunier, deux maréchaux-ferrants, un bacquier, un tonnelier, un tailleur, un serrurier, deux bouchers, ainsi que plusieurs cabaretiers et aubergistes.

Cette dernière profession est une des plus anciennes dont nous retrouvons trace : en 1376 existait une auberge à l’enseigne de la hache. En 1526, une autre était ouverte au coin de la rue de Vignely et le chemin de Meaux à l’enseigne « à l’écu de France ».De nombreux rapports de police montrent que les rixes y étaient fréquentes, notamment à l’auberge de la Maison Brûlée », construite à l’emplacement actuel du monument Gallieni.

Après la révolution, s’ouvriront encore plusieurs débits de boisson. Un cabaret est ouvert depuis 1740 à Bel Air.

L’ouverture du canal et puis celle de la ligne de chemin de fer amenèrent quelques commerces supplémentaires : bourrelier, entrepreneur de travaux public, ferblantier, taillandier, scieur en long, charcutier. Un nouveau métier apporté par la révolution est tourneur de bois. Il fut la cause de la disparition des ormes dont on disait en 1780 qu’ils étaient une des beautés du village. Plus de 11 000 ormes ornaient alors les chemins.

Sous le deuxième empire, une laminerie de cuivre et de zinc fut fondée ; elle utilisait la force motrice du moulin. Son existence fut éphémère.

L’amélioration des conditions de transports permit aux femmes de prendre en nourrice les enfants des bourgeois de Paris.

Après la guerre de 70, commença l’exploitation des carrières de sables. La commune décida d’éclairer les rues et un emploi d’allumeur de réverbères fut créé.

Le 20eme siècle vit apparaître les premiers touristes parisiens venant passer le week-end sur les bords de la Marne. Il fit aussi disparaître les métiers artisanaux et des commerces.

La dernière tentative de création d’une activité industrielle fut la construction d’une distillerie de betteraves en 1906 par Charles Proffit. Elle fonctionna jusqu’en 1963.

Lavandières: Le bateau lavoir était privé et son usage donnait lieu à un paiement. Le bateau lavoir fut coulé chaque fois que le pont sauta. En 1972, le lavage du linge dans la Marne fut interdit.

Droits et coutumes

Filles à marier : A la suite de la donation faite en 1680 par dame Marie Quignon à la fabrique de Trilbardou, il fut payé chaque année 50 livres pour le mariage de la plus pauvre fille native de Trilbardou, de religion catholique et de bonne vie et moeurs, afin que cette somme puisse l’aider à se marier honnêtement. Ces 50 livres de rente sont prises sur les revenus des terres léguées par Marie Quignon. Parmi ces terres, on note l’actuelle place « donnée à condition qu’elle ne puisse servir à y faire des plaids ou des réjouissances. L’argent retiré de la coupe des arbres de cette place servira à améliorer la dotation de la jeune fille à marier. »

Instituteur: Lors des vendanges, l’instituteur faisait le tour des habitants du village, avec un seau, pour recevoir chez chacun quelques litres de vin.

Tous les dimanches après les vêpres, l’instituteur qui était en outre chargé du remontage de l’horloge municipale, distribuait de porte en porte l’eau bénite contre une pièce de monnaie.

Banquet des mareux: Les mareux étaient les porteurs de hotte à raisins. Le pressurage se faisait au pressoir banal situé sur la place. Les mareux portaient le marc de la cuve sur le pressoir. Le pressurage terminé, le seau du garde-champêtre et du curé réservé, les mareux se réunissaient en banquet. Lors de ce banquet circulait un seau de vin du pressoir où chacun buvait à même le seau, et s’essuyait la bouche avec un torchon qui suivait. On chantait à ce moment :

«

Torche la gueule à ton voisin

Car il aime, il aime, il aime

Torche la gueule à ton voisin

Car il aime le bon vin

»


Lors des vendanges, les jeunes gens tentaient d’écraser sur le visage des filles, une grappe de raisins bien mûre, et mille ruses étaient employées par ces dernières pour éviter « le masque de vendanges ».

Chaque rangée de ceps était terminée par une plantation de jeunes ormes tortillards, qui étaient ensuite repiqués le long des routes ou revendus.

Halage des pendus: Les meuniers étaient obligés d’aider l’exécuteur de haute justice à haler et tirer au gibet les malfaiteurs qui étaient condamnés à être pendus, (aboli en 1424)

Charivari des battus Toutes les fois qu’un homme du village était battu par sa femme, les jeune gens de la paroisse s’assemblaient sous les fenêtres de la victime pendant plusieurs jours pour y faire « charivari ». Cette coutume fut interdite le 14 février 1789 car elle causait beaucoup de désordre dans le village.

Les fêtes: La fête de la Pentecôte remonte très loin car des documents du 16è siècle la signalent. Elle a lieu traditionnellement le lundi de la Pentecôte. Avant 1940, cette fête se tenait le samedi, dimanche et lundi, sur la place publique. Elle donnait lieu à la remise du bouquet des archers ainsi qu’à la fête de l’oie. Une oie, généralement offerte par un éleveur du village, était habillée et promenée dans une petite charrette. Cette oie faisaient des tours de balançoire et de manège, était conduite par les garçons sur la place du village, où elle était discrètement tuée. Mise dans un panier, chaque garçon à son tour, aveuglé par un bandeau, tentait de lui couper le cou avec un sabre. Il était guidé par les indications souvent fantaisistes des jeunes filles. Celui qui coupait la tête, éclaboussant de sang toute l’assistance, gagnait l’honneur de plumer l’oie. Celle-ci était mangée, le mardi par tous les jeunes réuni pour la circonstance chez l’aubergiste.

La promenade de l’oie

La fête des moissons organisée à la fin des moissons donnait lieu à une procession précédée d’une croix de paille, suivie de chars décorés pour la circonstance. Une messe était célébrée sur le perron du château.
Lors des dernières célébrations, il était procédé à l’élection de la reine des moissons parmi les jeunes filles du village.

Carnaval: Les jeunes gens couraient derrière les jeunes filles pour les noircir avec de la suie. Cette coutume fut interdite le 13 février 1720.